Les tattoos, dans un contexte tribal, sont bien plus un moyen de communication que de décoration. Ils peuvent être vus comme un moyen d’expression en soi, un signe d’appartenance religieuse ou une façon de soulager les symptômes d’un mal spirituel ou physique.
Dans tous les cas, ces tattoos ont pour but de représenter l’identité d’une personne.
Chez les Amazigh (culture berbère), les femmes étaient historiquement tatouées sur le visage. Avant l’arrivée de l’Islam en Afrique du Nord, cette pratique était répandue. Depuis l’arrivée de la foi islamique, la croyance qu’altérer la création d’Allah est haram (défendu) a provoqué un déclin presque complet de cette pratique.
Lors de cérémonies ou de célébrations importantes, le henné est souvent utilisé pour remplacer l’important symbolisme du tatouage, mais de façon temporaire.
Ces décorations temporaires sont souvent limitées aux mains et aux pieds, et l’art des tatouages faciaux est en train de disparaître.
Les tatouages berbères étaient souvent placés près des ouvertures du corps (nez, yeux, bouche, nombril et vagin) ou à des endroits du corps pouvant être perçus comme vulnérables (pieds et mains).
Dans la culture berbère, ces endroits particuliers ont besoin d’être protégés des mauvais esprits « Jnoun » qui pourraient essayer d’entrer dans le corps des femmes et de les posséder.
Beaucoup de dessins de tattoos d’un style déterminé étaient placés à certains endroits du corps pour protéger du mauvais œil. C’est pourquoi le nom des tatouages berbères est « Jedwel », ce qui signifie talisman.
Les tattoos correspondaient à des rites de passage et étaient réalisés à certains moments-clefs de la vie.
Le premier type de tattoo facial s’appelle « Siyala » et se situe sur le menton. Le Siyala a souvent la forme symbolique d’un palmier et consiste en une simple ligne droite allant du bas de la lèvre au bas du menton. Cette ligne est parfois accompagnée de points représentant les graines.
Le second type de tattoo s’appelle « Ghezama » et est placé entre les sourcils. Ce tattoo a, plus tard, été étendu, couvrant aussi le front et est connu comme ‘el - ayach’ (le porte-bonheur).
Il existe beaucoup d’éléments abstraits dans les dessins et symboles des tatouages berbères mais beaucoup d’autres reviennent de façon récurrente, comme :
- L’arbre - qui représente la force.
- Les graines - qui représentent la fertilité.
- La grenouille et l’araignée - qui représentent la fertilité et les rites magiques.
- Les serpents - qui représentent le phallus, la fertilité et la guérison.
- Les arêtes - qui représentent l’eau, la prospérité et la fertilité.
- Le lézard - qui représente la renaissance et la lumière.
- Les mouches et les abeilles - qui représentent la ténacité et l’énergie.
- Les losanges - qui représentent la protection de l’espace personnel.
- Le Khamsa (ou main de Fatima) - qui représente la protection contre le mauvais œil.
Les tattoos, tout comme les autres formes de décoration, sont des langages en soi. Des langages non parlés immergés dans de profondes croyances et représentant le besoin d’être protégé des menaces invisibles.
Traduit et adapté de l'espagnol par Aude Ottevanger