Quand se faire tatouer fait-il mal ? Tout ce que vous devez savoir

IsabellaIsabella Garm | 6 novembre 2023
tatoueur

La préparation, point-clef en matière de douleur lors du tatouage

La pratique du tatouage est intimement liée à l’expérience de la douleur. Elle fait partie du rituel et doit être comprise de cette façon. Mais, même si l’idée que nous devons non seulement profiter de la destination mais aussi du voyage est bien ancrée en nous, il est compréhensible que la majorité des personnes décidant de se faire tatouer une zone du corps encore « vierge » aimeraient savoir quel degré de douleur elles vont devoir affronter.

La première chose qu’il faut savoir est que la douleur est, par définition, une expérience subjective. Elle est médicalement décrite comme un phénomène complexe et multidimensionnel dans lequel entrent en jeu, non seulement des facteurs physiques et sensoriels mais aussi émotionnels et même socioculturels.

L’anxiété et le pessimisme sont des éléments qui affectent directement le degré de tolérance à la douleur de certaines personnes par rapport à d’autres. C’est précisément pour cette raison qu’il faut prendre les récits de tiers avec des pincettes (particulièrement les vidéos qui circulent sur internet et montrent les réactions absolument disproportionnées de personnes se faisant tatouer).

Le procédé de tatouage consiste essentiellement à créer une blessure sur la peau, ce qui provoque une excitation ou stimulation des terminaisons nerveuses. C’est pourquoi la douleur fait « partie du jeu ». Dans tous les tattoos, l’encre est injectée au niveau de la troisième couche de l’épiderme (l’épiderme étant la couche externe de la peau, qui se renouvelle constamment tout au long de notre vie) ; ce qui signifie qu’elle n’arrive pas au derme, situé plus en profondeur (entre 1 et 2 millimètres).

En tenant compte de tous ces facteurs, nous allons essayer de « dessiner » une carte de la douleur de chacune des zones corporelles où l’on réalise habituellement les tatouages. Nous utiliserons un barème allant de 0 à 10, bien que nous sachions de prime abord qu’il n’existe aucune zone exempte de douleur, ni aucune non plus où la douleur soit objectivement insupportable. En termes généraux, il faut savoir que les zones qui font le plus mal sont celles où la peau est la plus fine et qui ne sont pas habituées à être « tannées » par le frottement.  Les zones plus intimes, intérieures et où les os affleurent nous feront « souffrir » un peu plus.

A quel point est-il douloureux de se faire tatouer ? Degré de douleur des tatouages sur chaque partie du corps (des pieds à la tête)

tatouage douleur

- Degré de douleur d’un tatouage sur les pieds : 6

Communément, on tatoue la zone du cou-de-pied, qui est assez délicate à cause de la proximité des tendons - mais la douleur est supportable.

- Degré de douleur d’un tatouage sur les doigts de pieds : 7

Un peu plus douloureux, à cause de la proximité de l’os.

- Degré de douleur d’un tatouage sur la cheville : de 5 à 7

Un 7 si nous nous référons à la zone de l’os. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le tour de la cheville et le haut de celle-ci, au niveau de la jonction avec la jambe, ne sont pas si douloureuses (nous les estimons approximativement à 5).

- Degré de douleur d’un tatouage sur le tibia : 8

Assez douloureux, car, ici, l’os est à fleur de peau (à peine à quelques centimètres de distance du point jusqu’auquel s’introduit l’aiguille).

- Degré de douleur d’un tatouage sur le mollet : 4

Tant l’arrière que les côtés sont des zones confortables, pour le client et pour le tatoueur. La douleur dépendra aussi de la posture dans laquelle se mettra le client.

- Degré de douleur d’un tatouage sur le genou : 8

La partie avant est plus douloureuse, parce que c’est une zone où se trouvent des articulations, de même que la partie arrière, parce que la peau y est fine et peu habituée au frottement.

- Degré de douleur d’un tatouage sur les cuisses : de 3 à 8

Un simple 3 pour les parties avant et latérale. L’intérieur de la cuisse est beaucoup plus douloureux (8).

- Degré de douleur d’un tatouage sur l’aine : 6

On pense, à tort, qu’il s’agit d’un des endroits du corps les plus sensibles pour les tattoos, mais ce n’est pas le cas.

- Degré de douleur d’un tatouage sur les parties génitales : 8 ou 9

- Degré de douleur d’un tatouage sur les fesses : 6

C’est un des endroits les moins douloureux pour le client, parce qu’il est recouvert d’une bonne couche de graisse. Cependant, il est assez difficile à tatouer à cause de la tendance que nous avons tous à serrer les fesses comme acte réflexe.

- Degré de douleur d’un tatouage sur les hanches : 6

Particulièrement douloureux à l’endroit où l’os de la hanche ressort.

- Degré de douleur d’un tatouage sur le ventre : 5

La jonction entre l’estomac et le sternum est beaucoup plus douloureuse. C’est une partie du corps plus difficile à tatouer, surtout quand le client est nerveux et que sa respiration s’intensifie.

- Degré de douleur d’un tatouage sur les côtes : 7

C’est une zone très osseuse et dont la peau est plus fine, mais la douleur est supportable. Elle est particulièrement inconfortable pour le client car il doit être allongé sur le côté, sans beaucoup de points d’appui.

- Degré de douleur d’un tatouage sur le dos : de 3 à 5

Le haut du dos est une des zones les moins douloureuses (3-4) mais les lombaires (bas du dos) font un peu plus mal (5).

- Degré de douleur d’un tatouage sur la poitrine et le sternum : de 6 à 8

Alors que les pectoraux sont un endroit assez confortable, tant pour le tatoueur que pour le client, le sternum est beaucoup plus douloureux.

- Degré de douleur d’un tatouage sur la clavicule : 7

- Degré de douleur d’un tatouage sur les épaules : 3

- Degré de douleur d’un tatouage sur le biceps et le triceps : de 2 à 3

Ce sont des endroits très simples à tatouer au niveau de la douleur, parce que l’os n’est pas proche de la surface de la peau et que celle-ci a pris l’habitude du frottement tout au long de notre vie.

- Degré de douleur d’un tatouage sur le coude : 7

- Degré de douleur d’un tatouage sur l’avant-bras : 3 (partie extérieure) et 4 (partie intérieure)

- Degré de douleur d’un tatouage sur le poignet : 5

- Degré de douleur d’un tatouage sur les mains : de 6 à 9

- Sur le côté de la main, les jointures et les doigts : 7

De la dernière articulation du doigt jusqu’à l’ongle, la douleur s’intensifie et atteint un 8. La paume, d’après beaucoup de personnes, est la partie du corps qui fait le plus mal (9).

- Douleur des tatouages sur le cou : 6

Tout comme pour l’aine, les tattoos sur le cou ont la réputation de faire mal mais ce n’est pas le cas. Il s’agit plus d’une question d’appréhension que de réelle douleur. Lorsqu’on arrive à la gorge et sous le menton, la douleur peut atteindre un 7 alors que sur la nuque, elle descend à 5.

- Degré de douleur d’un tatouage sur le visage : de 6 à 8

La douleur au niveau de la zone où les hommes portent des favoris est assez supportable (6), alors que les côtés et le sommet du crâne sont plus sensibles (7 et 8, respectivement).

Autres facteurs qui influencent le degré de douleur des tatouages

1. Le dessin du tattoo

Les lignes fines font plus mal, vu que l’aiguille doit se planter sur une superficie plus petite. Pour le comprendre, nous pouvons imaginer des raquettes servant à marcher sur la neige : plus celles-ci seront larges et moins nous nous enfoncerons. En termes généraux, les endroits de remplissage font moins mal, bien que les tatouages plus grands et avec beaucoup de remplissage obligent le tatoueur à passer plusieurs fois au même endroit, ce qui, inévitablement, est plus douloureux.

2. La technique de tatouage

Les techniques manuelles, comme le traditionnel tebori japonais et les tatouages maori ou thaïlandais (qui est fait au moyen d’une branche de bambou), transmettent une sensation de douleur moins forte, ce qui est probablement dû au fait que le coup amortit l’impression de piqure.

3. Le type de machine utilisé

L’immense majorité des tattoos se fait avec des machines, dont les plus communes fonctionnent avec un système de bobines. Il existe aussi des machines rotatives directes qui font plus mal, sauf si elles possèdent un piston -ou feuillard- qui amortit un peu la sensation de piqure. Tant pour les machines rotatives que pour celles à bobine, il est possible de réduire la douleur si on travaille avec des cartouches, un dispositif plus récent qui, au lieu d’utiliser des aiguilles et des tubes, fonctionne avec une aiguille intégrée sur le tube lui-même.

4. L’expérience du tatoueur

Un tatoueur qui ne domine pas la technique peut vous faire plus mal, à cause de la tendance des débutants à ficher plus fortement l’aiguille et à ne pas le faire à un angle approprié. Un autre avantage des tatoueurs expérimentés est leur capacité à adapter à tout moment l’intensité et le rythme de la session aux besoins et aux états d’âme du client.

5. L’espace

L’atmosphère du studio où une personne décide de se faire tatouer influence de façon inconsciente son expérience globale. Evidemment pas la douleur en soi, mais bien la perception qu’elle a de celle-ci. Il est important que le studio ne déborde pas de gens, que la musique ne soit pas trop agressive et que la température soit adéquate (ni trop chaude, ni trop froide).

Conseils avant de vous faire tatouer :

Il est important que vous arriviez au studio avec une idée réelle de la douleur associée à la zone du corps que vous désirez vous faire tatouer. La préparation mentale est essentielle pour pouvoir rester calme durant la session et ne pas vivre celle-ci comme un sacrifice, mais comme une expérience positive.

Comme nous l’avons signalé au début de cet article, il ne faut pas accorder trop d’attention aux témoignages de certaines personnes.

Il ne faut pas non plus se rendre à jeun à la session : il est important d’avoir bien mangé avant celle-ci et d’éviter le café ainsi que tout autre stimulant. Boire une infusion de valériane ou de tilleul peut aussi aider.

L’idée que les drogues et l’alcool peuvent aider à soulager un peu la douleur est complètement fausse. C’est tout le contraire : ce type de substances augmente votre sensibilité.

Les anti-inflammatoires comme l’ibuprofène peuvent aider à soulager légèrement la douleur et l’inflammation, mais vous ne devez les prendre que si, dans votre cas, il n’y a pas de contrindication médicale. Profitez de l’expérience et vivez-la pleinement !

Traduit et adapté de l'espagnol par Aude Ottevanger